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Pays basque : La question des meublés touristiques sur la côte doit être tranchée lors d’un vote crucial de l’agglomération

LOGEMENT : La communauté d’agglomération du Pays basque doit adopter samedi une mesure pour mettre un coup d’arrêt au développement des meublés touristiques sur la côte

  • Selon cette mesure, tout propriétaire d’une résidence secondaire qui souhaiterait la transformer en meublé touristique, sera contraint de réaliser un logement à la location classique en compensation.
  • Quasiment inapplicable, cette mesure entraînera de facto le retrait de milliers de logements qui ne servaient plus qu’à la location touristique de courte durée.
  • Plusieurs associations locales saluent l’initiative, mais l’organisme de défense des propriétaires de meublés touristiques dénonce la « brutalité » de la mesure.

Attention, débat sensible. La Communauté d’agglomération du Pays basque a décidé de s’attaquer, frontalement, au sujet des locations meublées touristiques de courte durée, qui prolifèrent sur la côte basque​ ces dernières années, et participent à la tension du marché du logement dans cette région.

Les élus de la communauté d’agglomération, doivent adopter lors du conseil de ce samedi 5 mars, un nouveau règlement « fixant les conditions de délivrance des autorisations de changement d’usage de locaux d’habitation pour les locations meublées de courtes durées et déterminant les compensations. » L’idée est de contraindre tout propriétaire d’une résidence secondaire qui souhaiterait la transformer en meublé touristique, de réaliser un logement à la location classique de surface équivalente sur la même commune, voire dans le même quartier. La mesure serait applicable dès le 1er juin, pour toute nouvelle demande ou reconduction de meublé touristique.

Augmentation de 186 % entre 2016 et 2020

L’objectif poursuivi est clairement de marquer un coup d’arrêt au développement du meublé touristique dans les 24 communes de la côte basque, et de ramener ces logements vers le marché de la location à l’année. Selon une étude de l’Audap (Agence d’urbanisme d’Atlantique et Pyrénées) réalisée en juillet 2021, il y aurait de l’ordre de 37.000 locations de courte durée dans le Sud-Aquitain (Landes et Pyrénées-Atlantiques), soit une augmentation de 186 % entre 2016 et 2020. Une grande part de ces locations – environ 16.000 – se concentre sur la côte, entre Hendaye et Anglet en passant par Biarritz et Bayonne.

Des locations qui rapportent : leur prix moyen sur la côte atteint 148 euros la nuitée – contre 128 euros en zone rurale – et ces logements génèrent à leur propriétaire 8.755 euros de revenus annuels pour les maisons, et 4.915 euros pour les appartements. C’est parfois plus rentable qu’une location classique, tout en permettant à son propriétaire d’en profiter une partie de l’année pour y passer ses vacances.

Protéger le parc locatif à l’année

Les associations locales qui se battent contre la flambée des prix de l’immobilier sur la côte basque, sont évidemment ravies de la mesure envisagée par l’agglomération. Dans un communiqué, Alda (association de défense des personnes et des quartiers populaires) estime ainsi que cette réglementation va rendre « très difficiles voire impossibles » les transformations de résidences en locations de courte durée, qu’elle « protège définitivement le parc locatif à l’année, et permet de récupérer un grand nombre de logements perdus pour la population locale, sans bétonner davantage ni artificialiser de nouveaux sols. »

L’UNPLV (Union nationale pour la promotion de la location de vacances), qui regroupe des plateformes comme Abritel, Airbnb, Le Bon Coin, est à l’inverse vent debout contre « la brutalité » de cette mesure « dont nous avons appris l’existence il y a un mois seulement » s’étrangle le président de l’Union, Dominique Debuire, qui demande « un délai pour en discuter. » « Il y a un problème, réel, de logement pour les Basques sur la côte, avec une rareté de l’offre en locatif à l’année, reconnaît Dominique Debuire, mais ce n’est pas en créant d’autres problèmes sur l’interdiction d’usage de sa résidence secondaire, que l’on va apporter des solutions. »

Attention au « syndrome des volets clos » alerte l’UNPLV

« Ce projet ne changera rien pour sa résidence principale, que l’on est toujours autorisé à louer jusqu’à 120 jours par an, poursuit le président de l’UNPLV. Mais pour sa résidence secondaire, il faudra une autorisation de changement d’usage, qui va être soumise à une obligation de compensation, ce qui est impossible à réaliser dans les faits. Ce projet va donc amener à la suppression de quasiment toutes les locations meublées touristiques hors résidence principale. »

Mais selon Dominique Debuire, elles ne rejoindront pas pour autant le marché du logement classique. « Dans la plupart des cas il s’agit de petits propriétaires, qui parfois ne possèdent même pas leur résidence principale car ils sont mutés régulièrement, et qui ont acheté une résidence secondaire sur la côte basque en vue de leur retraite. On les a interrogés via nos plateformes, la très grande majorité annonce qu’ils ne vendront pas leur bien, et qu’ils ne le mettront pas non plus en location à l’année. On va donc ajouter aux inconvénients, le syndrome des volets clos une grande partie de l’année. » Pour l’UNPLV, « une autre piste à explorer serait d’appliquer cette mesure de compensation à partir de la deuxième résidence secondaire, pas dès la première. »

Conséquences sur le tourisme ?

L’association Alda, qui dénonce « le lobby de l’UNPLV », rétorque qu’ils « sont généralement propriétaires de leur résidence principale en plus d’un meublé de tourisme et sont donc, par définition, multi-propriétaires. » « Ceux qui ne sont propriétaires de rien, ceux qui sont locataires, ceux qui par milliers risquaient dans les prochains mois et années de recevoir un congé pour vente et de quitter leur logement racheté pour en faire un meublé touristique permanent, seront les grands gagnants de la mesure. »

La communauté d’agglomération du Pays basque, qui ne souhaite pas s’exprimer avant le vote de samedi, devrait adopter la mesure. Seul le maire d’Hendaye, où l’on recense 980 meublés de tourisme, s’est dit « très inquiet » concernant les conséquences sur le tourisme et les emplois saisonniers. D’autres anticipent une flambée des prix des meublés touristiques, dans l’arrière-pays basque.

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