La résidence est protégée par une lourde grille noire. Derrière la cour bien entretenue, un immeuble en briques rouges datant des années 1930. Selon nos informations, Geoffroy Boulard, adjoint (UMP) à la Sécurité dans le 17e arrondissement de Paris, occupe dans cette résidence un logement en loyer intermédiaire depuis 2005. Il s’agit d’une forme de logement social appartenant au parc du bailleur Paris Habitat et situé au numéro 7 du square de la Dordogne, à deux pas de la Porte-de-Champerret.
Contacté par 20 Minutes, ce mercredi, celui qui est également directeur de campagne de Brigitte Kuster dans le 17e en vue des élections municipales a reconnu les faits. «C’est un appartement de quatre pièces de 74 m² que j’occupe avec ma femme et mes trois enfants, lâche-t-il. Le loyer est de 1.170 euros mensuels. Le bail a été établi, au nom de mon épouse, en 2005, soit trois ans avant mon élection à la mairie de Paris.»
Surpris que cette affaire soit révélée maintenant, celui qui est aussi la tête de pont de la Droite Forte a Paris estime être victime d’une «cabale». «Quelqu’un tente de me destabiliser en diffusant ce genre d’informations. J’ai donc déposé, mardi soir, une main courante au commissariat du 17e arrondissement.»
«Si je gagnais 15.000 euros, je ne vivrais pas là…»
Quoi qu’il en soit, le nom de Geoffroy Boulard, nommé secrétaire national de l’UMP le 21 novembre, vient donc s’ajouter à la liste des tous ces élus, de droite comme de gauche (lire l’encadré), épinglés depuis quelques mois parce qu’ils jouissent d’un logement social dans la capitale.
Pour bénéficier de ce logement en loyer intermédiaire, Geoffroy Boulard et son épouse, Ségolène, ont dû justifier, en 2005, d’avoir des revenus inférieurs à un plafond fixé à 58.106 euros par an. «Mais sur ce type de logement, il n’y a ensuite plus de contrôle automatique des revenus, explique une source qui connaît bien le dossier. Après 2005, il a peut-être dépassé le plafond et aurait dû résilier son bail sauf que personne ne le lui a demandé…»
Interrogé sur ce point, Geoffroy Boulard reconnaît que «personne ne lui a demandé une actualisation de ses revenus.» Pour autant, il assure que s’il gagnait «15.000 euros par mois», il ne vivrait actuellement pas «dans un appartement de 74 m² avec trois enfants».
NKM n’admettra aucune tolérance si elle est élue
«En tant qu’élu il devrait donner l’exemple, poursuit notre source. Maintenant, il y a des cas encore plus scandaleux que le sien. Même si, évidemment, dans le parc privé, son loyer serait plus élevé.» Selon les sites d’estimation de loyer, le couple devrait en effet s’acquitter d’un loyer de 1.860 à 2.040 euros mensuels si son bien était dans le parc privé (pour consulter les estimations, cliquez ici ou là).
Ces révélations interviennent alors que Nathalie Kosciusko-Morizet, la candidate UMP à la mairie de Paris, a annoncé qu’elle n’admettrait aucune tolérance pour les élus de son camp résidant dans des appartements sociaux de la ville si elle était élue en mars prochain. «Je ne suis qu’un simple adjoint dans le 17e, conclut Geoffroy Boulard. Je ne suis personne. Mais si on me le demande, je me mettrai en conformité avec ce que mon parti me demande.»
Les autres élus parisiens épinglés
Le 14 novembre, Jack-Yves Bohbot, tête de file (UMP) de NKM dans le 11e arrondissement de Paris a avoué occuper un logement social de 88 m² pour un loyer de 1.500 euros, charges comprises. Quelques semaines plus tôt, Jean-Jacques Giannesini, qui devait conduire la liste dans le 19e arrondissement avait annoncé dans un communiqué qu’il rendait son logement social après avoir été épinglé. A gauche, c’est Carine Petit (PS) qui a été accusée d’avoir logé pendant onze ans dans un appartement de la Régie immobilière de la Paris. Un trois-pièces situé boulevard Jourdan (14e) que la candidate dans le 14e arrondissement a quitté en 2011.