Révolution verte en vue sur le marché de l’immobilier. Les Grenelle 1 et 2 sont en train de mettre en place de nouvelles normes environnementales dans le bâtiment. Ceux dont les permis de construire seront déposés à partir du 1er janvier 2012 devront consommer moins de 50 KWh/m2/an.
Et ces mesures auront aussi des incidences sur l’immobilier de bureau. Pour les immeubles existants, la norme se situe à 150 KWh/m2/an. Les propriétaires devraient avoir huit ans, entre 2012 et 2020, pour mettre leurs biens aux normes.
Ces objectifs très exigeants devraient bouleverser le marché. « L’évolution écologique d’un secteur jugé comme le gisement prioritaire d’économies d’énergie va transformer la perception de la qualité du bâtiment », a prévenu Xavier Lagurgue, architecte et co-fondateur du cabinet XLGD lors d’une table ronde organisée jeudi 11 juin par le cabinet CB Richard Ellis Expertise. En clair, la qualité environnementale des immeubles devraient prendre une importance de plus en plus grande dans la fixation des prix.
Le neuf en hausse
Conséquence: le neuf va prendre de la valeur au détriment de l’ancien et devrait donc se trouver survalorisé dans les prochaines années. « Les bâtiments à la norme basse consommation (BBC) sont en effet peu nombreux et les investisseurs vont s’y intéresser de très près, ce qui devrait provoquer un déséquilibre entre offre et demande », a analysé Jacques-Olivier Darne, de CB Richard Ellis Expertise. Les fonds d’investissement spécialisés dans le développement durable, notamment, devraient contribuer à faire monter les prix. Dans le même temps, l’immobilier ancien non rénové pourrait voir ses prix baisser en devenant écologiquement obsolète.
Locataires vs propriétaires
Reste à savoir, pour ces bâtiments anciens qui, des propriétaires ou des locataires, financera les travaux. Très coûteuse, la mise aux normes devraient faire l’objet de négociations serrées entre les deux parties, prévoit l’avocate spécialisée Véronique Lagarde, du cabinet Lefèvre Pelletier & associé. « A court terme, qui va payer pour ces travaux très lourds (jusqu’à 80% du prix du bien, ndlr)? », s’interroge-t-elle. « Pourquoi supporter 100% des coûts de rénovation alors que c’est le locataire qui profitera des économies d’énergie, se demandent les propriétaires. Les locataires, de leur côté, avancent que, comme ce sont des travaux très lourds, ils doivent être à la charge des bailleurs » dans la mesure où ça valorise le bien.
Comment trancher ce nœud gordien? L’avocate propose par exemple que le propriétaire augmente les loyers en proportion des économies d’énergie réalisées grâce à la mise aux normes. C’est d’ailleurs ce qui devrait ressortir du groupe de travail sur le Grenelle 2, auquel participe le cabinet Lefèvre Pelletier & associé. A suivre.
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