REPORTAGE : Le vendredi 13 mai, une trentaine de lots d’habitation seront à vendre sur Sainte-Foy-la-Grande
« Revenez samedi, il y aura le marché ce sera mieux pour les photos ! », lance un commerçant de Sainte-Foy-la-Grande croisé dans la rue de cette bastide du XIIIe siècle, située à une heure de Bordeaux en voiture et un peu moins en train. Les habitants de cette commune en bord de Dordogne, autrefois peu attractive voire repoussoir, s’en font maintenant les ambassadeurs.
Victime de la métropolisation, la bourgade de 2.700 habitants est aujourd’hui en train de se métamorphoser, aidée par l’envie d’un retour au vert des Français, éprouvés par l’épreuve du confinement. En 2021, le nombre de transactions immobilières y a doublé. Vendredi 13 mai, une vaste opération de vente aux enchères va mettre sur le marché des dizaines de logements, qui appartenait à un marchand de sommeil. Un événement dans lequel la mairie a vu une opportunité de mettre en lumière tous les atouts de sa ville et y attirer de nouveaux habitants. Sainte-Foy joue un rôle de centre-ville pour deux autres communes qui, ensemble, représentent 10.000 habitants.
« Une opportunité pour travailler l’habitat »
« La dynamique on la sent depuis un an, estime Marc Sahraoui, adjoint en charge des projets d’avenir et de l’action économique. Mais, avec cette opération on attend un déclic, c’est une métamorphose de la ville qui se prépare ». La municipalité fait le constat d’une « déprise sur l’habitat » depuis environ 20 ans, notamment à cause d’un marchand de sommeil propriétaire d’une trentaine d’immeubles qui représentent 60 à 80 logements.
« Lorsqu’il est décédé, il y a eu un refus d’héritage à cause du nombre important de créances, explique Christelle Guionie, maire de Sainte-Foy-la-Grande. C’est une opportunité pour nous de travailler l’habitat. » Son équipe a beaucoup travaillé avec le mandataire judiciaire pour diviser les lots et éviter de se retrouver avec un seul propriétaire en situation de monopole. De façon plus large, la commune compte 300 à 400 logements vacants et/ou indignes traités par le biais d’une opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH), avec un volet sur le renouvellement urbain et un autre sur la restauration immobilière.
L’équipe municipale met en avant le panel d’aides disponibles pour la rénovation quand on achète à Sainte-Foy. « L’ensemble de la Bastide est éligible à la défiscalisation de la loi Denormandie, pour l’achat et les travaux afin de permettre des projets de qualité », fait valoir Marc Sahraoui. Si les prix au m2, entre 800 à 1.000 euros le m2 ont de quoi faire rêver les Bordelais, les appartements mis en vente lors de la liquidation judiciaire ne vont pas les intéresser, selon Marie Rouau, gérante de l’agence immobilière Clairimmo à Sainte-Foy-la-Grande. « Il y aura très peu de résidences principales, ce sont des appartements et aujourd’hui quand ils viennent à Saint-Foy la Grande ils veulent un jardin, c’est une évidence », tranche-t-elle. Pour cette professionnelle, la communication autour de la vente aux enchères, à laquelle les agences immobilières locales n’ont pas été associées, est une fausse bonne idée, qui dégrade l’image de la Bastide. La municipalité y voit de la visibilité pour sa politique de l’habitat.
Ecole, hôpital et bientôt une piscine
Face au plan de sa commune, la maire désigne fièrement de la main les 52 hectares de la Bastide, soulignant la présence d’un hôpital, d’une gare, d’une école, d’un collège et la livraison d’une piscine pour septembre 2023. « On a la chance d’être au bord de la Dordogne et on a une plage surveillée l’été où les enfants peuvent déjà apprendre à nager », commente François Mas, l’adjoint en charge de la vie associative et de l’environnement, qui souligne aussi l’accès à un cinéma et une riche programmation culturelle. « Notre nouvelle école maternelle aura une cour végétalisée et un patio, détaille la maire de Sainte-Foy. Environ 60 élèves sont scolarisés actuellement, à l’école élémentaire et maternelle. On en aura bientôt plus de 300, avec cinq classes supplémentaires créées. » L’équipe s’active aussi pour l’installation d’une agence Pôle emploi.
Côté commerces, ça bouge également, si on en croit l’équipe municipale. Le salon de la dernière coiffeuse partie à la retraite a été repris et les principales rues commerçantes s’animent peu à peu. « On espère que la vente va faire venir des investisseurs, recréer des logements corrects et que tout cela va faire redémarrer le commerce, parce qu’à l’heure actuelle, on souffre un peu », tempère Isabelle Mignot qui tient depuis plus de vingt ans un salon de coiffure, rue de la République. Les deux pharmacies sont parties en dehors de la ville et cela s’en ressent sur le nombre de passages devant son salon. Pour faire face, la ville a recruté un manager de commerce et projette l’installation d’une boutique test, avec un loyer très bas, pour repeupler les vitrines vides.
« Il y a 5 à 10 ans, vivre à Sainte-Foy-la-Grande c’était un constat d’échec, aujourd’hui c’est un choix, résume Marc Sahraoui. Ce changement d’état d’esprit on le sent, il y a une façon différente de vivre dans la ville ». Avec la reconquête sur les logements vacants, il pronostique 3.000 habitants dans la Bastide d’ici trois à quatre ans. Un projet d’obtention du label « petite cité de caractère » pour la ville déjà labellisée « cité remarquable », doit contribuer encore à redorer l’image de Sainte-Foy qui ne craint plus de se rêver grande.