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Coronavirus en Nouvelle-Aquitaine : Pour l’immobilier, « on va devoir rattraper le retard, mais cela ne devrait rester qu’une parenthèse »

INTERVIEW Notaire à Bordeaux, Me Joël Moreau ne se montre pas particulièrement inquiet des conséquences de la crise du Covid-19, sur le marché immobilier en Nouvelle-Aquitaine, surtout après les annonces présidentielles de lundi soir

  • Le notaire bordelais pense que les annonces d’Emmanuel Macron de lundi soir, vont permettre au marché de l’immobilier de redémarrer d’ici à une quinzaine de jours.
  • Il faudra rattraper le retard, mais la crise ne devrait rester qu’une parenthèse.
  • Cette longue période de confinement pourrait même avoir des conséquences sur le marché de la maison individuelle avec jardin, qui devrait être davantage recherchée.

Alors que le marché immobilier est totalement à l’arrêt, 20 Minutes a interrogé maître Joël Moreau, notaire à Bordeaux et chargé de la commission communication de la chambre des notaires de la Gironde, qui représente plus de 420 professionnels. A ce stade, le notaire bordelais ne se montre pas inquiet concernant le marché immobilier, et prévoit même un regain d’intérêt pour la maison avec jardin.

Aujourd’hui, est-ce que les offices notariaux travaillent encore, même si physiquement vous êtes fermés ?

Bien entendu, le notariat applique les consignes de sécurité sanitaire, pour nos collaborateurs et nos clients, et nous avons fermé nos études au public. Mais nous nous sommes très rapidement adaptés, et nous continuons d’assumer notre mission de service public, grâce au télétravail. Le notariat est doté d’outils technologiques, comme la signature numérique ou encore la visioconférence, qui nous permettent cette disponibilité. Nous avons d’abord reporté les actes qui ne pouvaient pas se dérouler dans des conditions normales, et nous avons signé les actes les plus urgents par procuration et à distance, et en visioconférence. Enfin, un nouveau décret applicable depuis le 5 avril, demandé par le notariat, autorise jusqu’à un mois après la cessation de l’état d’urgence sanitaire, la signature des actes à distance. Il permet au notaire seul, de signer l’acte, à condition que durant toute la durée de la lecture du contrat, il ait pu avoir son client en visioconférence. Cela permet aux actes qui étaient bloqués, comme la Vefa (Vente en l’état futur d’achèvement) et les actes avec prêt hypothécaire, d’aboutir.

Quel est le taux d’équipement des notaires de ce système de visioconférence, qui devient un peu le nerf de la guerre pour vous ?

C’est exactement le nerf de la guerre, et c’est clairement l’avenir. Le taux est situé entre 40 et 50 % en Gironde. Mais nous mutualisons nos connexions, c’est-à-dire qu’un notaire peut prêter sa visioconférence à un confrère. L’entraide et la mutualisation, c’est le mot d’ordre en ce moment.

De nouveaux actes peuvent-ils être signés ?

Très peu, car le marché immobilier est totalement à l’arrêt. Nos partenaires agents immobiliers ne peuvent plus effectuer de visites, or, un bien immobilier, il faut pouvoir le visiter, le ressentir, on ne peut pas se contenter d’une visite en visio. En revanche, les demandes de rupture de contrats sont quasiment nulles. Idem concernant le neuf et l’achat sur plan, on ne constate pas d’annulation de la part de nos clients : ceux qui avaient réservé n’ont pas reculé.

Et justement, cas pratique : est-il possible de sortir d’un contrat en cette période particulière ?

Il faut absolument étudier ces demandes au cas par cas, et appeler son notaire. Si les conditions d’ordre conventionnel, c’est-à-dire l’obtention du prêt bancaire, ne sont plus réunies, à ce moment on est protégé par le bénéfice de la condition suspensive. Attention en revanche si on veut se retirer parce qu’on considère que la situation actuelle engendre un changement dans sa situation personnelle, et que c’est un cas de force majeure : se retirer d’un contrat sans raison valable peut entraîner devant un tribunal une forte indemnisation à payer par l’acquéreur au vendeur. Seul un magistrat sera amené à considérer si une situation correspond ou non à un cas de force majeure. Ce serait un risque, et il faut absolument se tourner vers son notaire avant d’envisager ce type de décision. Mais actuellement nous n’avons quasiment pas de demandes en ce sens.

Les annonces d’Emmanuel Macron de lundi soir, laissent-elles présager un redémarrage de l’activité ?

Elles ont déjà eu des effets, puisque depuis ce mardi matin, mon téléphone n’arrête pas de sonner. L’annonce du Président d’une fin de confinement progressive à partir du 11 mai, a eu un effet extrêmement positif, et je suis persuadé que dans les 15 jours tout va redémarrer. Très clairement, on aura eu une période durant laquelle il ne se sera rien passé, donc on va devoir rattraper le retard, mais cela ne devrait rester qu’une parenthèse. Cette date du 11 mai constitue un soulagement pour nos concitoyens et les professionnels de l’immobilier. Ce qui est important avec cette date, c’est que les déménagements des particuliers et les mutations professionnelles devraient avoir lieu et s’organiser, notamment sur Bordeaux Métropole qui est un fort bassin d’emploi, et qui est par ailleurs en déficit chronique de logements.

On peut même se demander s’il ne va pas y avoir un intérêt encore plus fort pour le secteur de l’immobilier à l’issue de cette crise ?

Je ne peux pas répondre avec certitude, mais dans toutes les crises passées, les courbes de l’immobilier n’ont jamais baissé, ou alors de manière très temporaire. L’immobilier reste la meilleure des valeurs.

Vous n’avez donc pas d’inquiétude particulière sur le marché local ?

Sur le marché girondin voire de Nouvelle-Aquitaine, je n’en ai pas particulièrement. Notre région continue d’attirer des entreprises, notre densité de population reste faible, et la Nouvelle-Aquitaine reste à ce jour relativement préservée par rapport au nombre de contaminations au coronavirus. Le CHU de Bordeaux est en outre le plus performant de France grâce à la qualité de nos soignants. Je pense très clairement que nos concitoyens regarderont les régions qui ont été le moins touchées par l’épidémie, comme la Bretagne ou la Nouvelle-Aquitaine. On va vers ce qui nous paraît le plus rassurant.

Et est-ce qu’il pourrait y avoir un regain d’intérêt pour la maison individuelle à l’issue de ce confinement ?

Cela paraîtrait logique… La maison individuelle avec jardin va, probablement, représenter une source de recherche pour nos concitoyens.

Par ailleurs, vous ne faites pas que de l’immobilier : y a-t-il d’autres actes, comme les testaments, sur lesquels vous constatez une hausse de la demande en ce moment ?

On ressent des demandes importantes en matière de préparation et d’anticipation successorale. On a eu aussi des demandes de testament, que l’on décale dans le temps car c’est un acte que l’on ne peut pas faire à distance. En revanche, nous conseillons aux clients qui nous sollicitent un testament olographe, qui nous sera par la suite confié en original. Il n’y a pas d’inquiétude majeure, mais nos concitoyens sont en réflexion sur ces sujets.

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