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Confinement : Pour les acteurs de l’immobilier, sans visites, pas de ventes

IMMOBILIER : L’impossibilité d’effectuer des visites physiques paralyse le secteur

  • Depuis le début du deuxième confinement, les visites physiques de biens immobiliers sont interdites. Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du Logement, a confirmé mardi qu’il était encore « trop tôt » pour les envisager.
  • Les professionnels veulent pourtant reprendre ces visites, afin de soulager le secteur et de pouvoir fournir un logement à ceux qui en ont besoin, avancent-ils.
  • Ils proposent pour cela des mesures sanitaires renforcées, comme le droit à l’agent seul de toucher les portes, l’obligation d’aérer les logements et la présélection par des visites virtuelles.

« Pour l’instant, c’est trop tôt. » Mardi, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du Logement, a confirmé le maintien de l’interdiction des visites de biens immobiliers. A travers un communiqué publié la veille, les professionnels lui avaient pourtant demandé de relancer les visites physiques, pour permettre les ventes et les locations de logements privés.

Peine perdue. Les (non) annonces faites par le Premier ministre, Jean Castex, jeudi soir, confirment le blocage. Et avec lui le gel de tout un secteur.

Seules les visites sont interdites

«L’immobilier, c’est une chaîne et en ce moment, un maillon est brisé. » La métaphore de Maël Bernier, porte-parole du groupe Meilleurtaux.com, résume bien la situation durant ce deuxième confinement. Tous les chaînons sont aujourd’hui actifs : les banques accordent des prêts, les courtiers reçoivent sur rendez-vous, les notaires peuvent faire signer les actes en présentiel. Même les aspects techniques continuent d’être appliqués, comme le détaille Jean-Marc Torrollion, président de la FNAIM, la fédération nationale de l’immobilier : « Nous pouvons réceptionner des travaux dans les immeubles où nous sommes syndic. Nous pouvons aller à des expertises pour des dégâts des eaux, ou faire des états des lieux pour des locataires qui partent ou qui arrivent… Mais on ne peut pas faire de visites. »

Pour cet expert comme pour ses confrères, la situation est incompréhensible. Car s’ils ont bien conscience de la crise sanitaire, ils s’étonnent de voir qu’il est possible pour les agents de se rendre chez les clients pour faire signer des mandats, des compromis de vente ou faire des estimations, mais pas d’effectuer les visites.

Surtout, les professionnels s’interrogent en voyant que les interdictions ne sont pas appliquées à tous. Les visites dans les logements sociaux et les HLM sont en effet autorisées. Jean-Marc Torrollion : « Pourquoi le secteur public bénéficie-t-il de cette immunité ? En quoi la visite d’un logement social présente-t-elle moins de risques ? »

Les professionnels pointent aussi le fait que le marché des particuliers, lui, continue de tourner. Laurent Vimont, président de Century 21, dénonce donc un manque d’équité : « Nous avons d’un côté la DGCCRF qui nous contrôle par le biais de clients mystères, faisant peser la menace d’amendes voire pire. Et de l’autre, les particuliers qui proposent des visites en toute impunité. »

« Personne ne mise 200.000 euros sur une visite virtuelle »

Si les visites virtuelles sont encouragées par le ministère, cette solution n’est que partielle pour les agents immobiliers, déplore Maël Bernier : « Ça peut fonctionner pour la location, à la limite, s’il y a des urgences. Mais pour l’achat, cela ne sert qu’à faire une prévisite, pour écrémer. » Laurent Vimont va dans le même sens : « Personne ne mise 200.000 ou 300.000 euros sur une visite virtuelle. » A peine énumère-t-il quelques rares cas où la visite virtuelle a débouché sur une signature : « Mais toujours avec des conditions suspensives liées à une visite physique. »

Si les professionnels insistent, c’est que plusieurs intérêts entrent en jeu, selon eux. Celui du secteur, bien entendu. Selon Jean-Marc Torrollion, environ 40 % des adhérents à la FNAIM ont dû recourir à un Prêt garanti par l’Etat, et si l’activité de l’été a été assez bonne, ce deuxième confinement est un coup dur. Le président de la FNAIM craint qu’avec le confinement suivi de la période de Noël, habituellement très calme, les agences commencent à manquer de trésorerie au premier trimestre 2021. Et ce dans un secteur de 200.000 emplois qui se révèle fortement dépendant des transactions (11 des 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018).

Mais les acteurs de l’immobilier avancent aussi l’intérêt des particuliers qui, même en période de crise, gardent le besoin de trouver des logements. Ce que l’on appelle le « marché de nécessité » : « Les étudiants qui ont terminé leur semestre. Un couple qui divorce. Un parent qui, pour obtenir la garde de ses enfants, doit justifier d’un appartement ou d’une maison. Un travailleur qui est muté par son entreprise, énumère Laurent Vimont. Beaucoup ont besoin de trouver un logement. » Il ajoute à son argumentaire que lors de ce deuxième confinement, l’économie ne s’arrêtant pas, la demande de logement reste présente.

Des mesures sanitaires strictes pour rassurer les autorités

Pour convaincre le gouvernement, la FNAIM a communiqué les mesures proposées pour reprendre les « vraies » visites. Dans un premier temps, il s’agirait de maintenir les mesures prises depuis le début de la crise : organiser les visites uniquement sur rendez-vous. Effectuer une présélection de biens par le biais des visites virtuelles pour limiter le nombre de ces rendez-vous. Effectuer les visites au maximum en l’absence des habitants du logement. Faire ouvrir les portes et fenêtres uniquement par les agents qui disposeront de gants, qui désinfecteront toutes les poignées après leur passage et qui devront aérer les logements après chaque visite. Les agents et clients se rendront sur les lieux de visites dans des véhicules séparés et la FNAIM s’engage à promouvoir, auprès de ses collaborateurs et clients, l’application TousAntiCovid lors des visites.

S’ils ne sont pas encore fixés sur leur avenir après le 1er décembre, les acteurs de l’immobilier restent optimistes sur leur capacité à convaincre le gouvernement. Car selon Jean-Marc Torrollion, les visites sont « l’oxygène de nos entreprises ».

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