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Bordeaux : Mis « en pause », que va devenir le projet à 500 millions d’euros de Rue Bordelaise ?

URBANISME Le directeur général d’Euratlantique Stephan de Faÿ prévient que si le projet urbanistique de Rue Bordelaise, immense programme de 500 millions d’euros d’investissement, devait être remis en cause, « des indemnisations seront à verser »

  • L’idée du projet est de relier la gare Saint-Jean, aux berges de la Garonne.
  • Ce programme mixte intégrerait 23.000 m2 de nouvelles enseignes commerciales.
  • La décision quant à son avenir devrait intervenir au cours du premier semestre 2021, mais le patron d’Euratlantique pense que la Rue Bordelaise peut être « un bon projet de relance économique » pour la métropole.

C’est un des principaux projets urbanistiques de ces prochaines années à Bordeaux. Entre les candidats pour et les contre, il avait fait l’objet de discussions animées lors de la campagne des municipales. La Rue Bordelaise, ce méridien d’environ 600 m de long pour 20 m de large, dont l’objectif est de relier la gare Saint-Jean à la Garonne, verra-t-elle finalement le jour ?

Implanté sur le secteur de l’Opération d’Intérêt National (OIN) Euratlantique, ce projet représente pas moins de 500 millions d’euros d’investissement par Apsys, un opérateur qui réalise essentiellement des centres commerciaux, mais aussi des quartiers de ville. Ce programme mixte d’environ 80.000 m2 intègre du logement, des bureaux, des hôtels, et surtout du commerce : plus de 30.000 m2 de surfaces commerciales, dont 23.000 m2 pour de nouvelles enseignes. C’est là que le bât blesse du côté de la nouvelle majorité municipale…

S’il se fait, « ce ne sera pas avant 2026-2027 »

Durant la campagne, Pierre Hurmic avait annoncé qu’il « stopperait » le projet pour le « rééexaminer en concertation avec les habitants et les commerçants. » « J’en ai parlé à Pierre Hurmic dès que je l’ai vu après son élection en juillet, explique à 20 Minutes Stephan de Faÿ, le directeur général de Bordeaux-Euratlantique. Il adhère plutôt au geste urbain, mais il a des doutes sur le programme. Aujourd’hui, il faut qu’on lui présente plus en détail le projet, et regarder ce qui peut éventuellement évoluer. Des décisions seront prises dans le courant du premier semestre 2021. »

En attendant, « le projet est mis en pause » annonce le patron d’Euratlantique. Et alors qu’il devait initialement sortir de terre en 2023, ce ne sera finalement « pas avant 2026-2027 ». S’il se fait… Car la question de l’abandon total du programme n’est pas à écarter. « Si le maire n’en veut pas, nous ferons autre chose, assure Stephan de Faÿ, nous n’irons pas au bras de fer avec Pierre Hurmic. » Toutefois, il prévient : « Je lui ai clairement dit qu’il y aura des conséquences à l’abandon du projet ; un contrat a été signé, et des indemnisations seront à verser. Ce n’est pas encore chiffré, mais il faut que l’on soit transparent là-dessus. Qui paiera ? Je ne suis pas sûr que l’Etat, ni même les communes de Floirac et de Bègles, tous solidaires dans l’équation financière d’Euratlantique, soient prêts à prendre en charge financièrement l’impact sur le déficit de l’opération. »

Ikéa en locomotive commerciale du projet ?

S’il ne défendra pas « à tout prix » le projet, Stephan de Faÿ mettra tout de même toute sa « conviction » pour qu’il puisse se réaliser. « Je crois profondément à ce projet, il est bon pour Bordeaux, et nous ne l’avons pas fait pour n’importe quelle raison » clame-t-il. « Tout d’abord, tout le monde est d’accord qu’il faut faire quelque chose à cet endroit, car cette entrée de ville est délabrée. Et quand l’architecte Edouard François nous a présenté ce méridien, cela a paru évident à tout le monde. L’idée est de donner à voir la Garonne en sortant de la gare, et de connecter ces deux poumons, ce n’est finalement pas plus compliqué que cela. »

Le patron d’Euratlantique estime aussi que ce programme a du sens commercialement. « Il s’agit de réinternaliser de l’immobilier commercial en cœur de ville, pour en finir avec ces boîtes à chaussures qui façonnent le périurbain. Aujourd’hui, si Ikéa veut venir dans le centre-ville bordelais, il ne le peut pas parce qu’il a besoin de 6.000 ou 7.000 m2, ce qui n’existe pas à Bordeaux. Dans ce type de projet il le pourra, dans l’endroit le mieux connecté en transport en commun de toute la Nouvelle-Aquitaine. Rien n’est signé, mais Ikéa tourne autour de cette zone depuis longtemps. Cela correspond à ses besoins, et à la mutation de son modèle initiée à Paris puis à Nice. »

Pour Stephan de Faÿ, ce projet n’est donc pas « d’un autre temps » comme l’avait qualifié le candidat LREM Thomas Cazenave durant la campagne. « C’est même le contraire. L’idée est de promouvoir du commerce de rue, d’arrêter avec ces galeries climatisées, et que ce soit une locomotive pour du commerce de proximité, ce qui est impossible dans une galerie commerciale. »

Il a tout de même fallu faire évoluer le projet au fil du temps. « Au début, il s’agissait effectivement de galeries couvertes avec des passages dans tous les sens, c’était un projet à l’ancienne. Mais nous n’avons eu de cesse pendant cinq ans, de faire infléchir le projet et il a changé. » Il reste néanmoins un point d’achoppement : le nombre de places de parking, actuellement chiffrées à un millier. Là, c’est l’autorité environnementale qui, dans son avis émis après le dépôt du permis de construire, a tordu du nez. Pour répondre aux enjeux de maîtrise de l’usage de la voiture, elle recommande une réduction du nombre de places de stationnement. Stephan de Faÿ en convient. « Si nous voulons aller au bout de notre logique, il faut réduire drastiquement les places de parking, car il ne faut pas que ce soit un aspirateur à bagnoles. »

« 500 millions d’euros d’investissement, cela se traduira par de la création d’emplois »

Il restera, enfin, à évaluer l’ampleur et les conséquences de la crise économique liée au contexte sanitaire. Stephan de Faÿ en convient, mais il rappelle que le projet ne sortirait que dans six à sept ans. « Où en sera-t-on alors ? » Surtout, il pense que « 500 millions d’euros d’investissement, cela se traduira par de la création d’emplois, dès la phase de chantier, donc c’est un enjeu pour les entreprises du territoire. » Pour lui, il faut voir au contraire la Rue Bordelaise comme « un projet de relance pour la métropole ».

Contactés vendredi par 20 Minutes, l’adjoint au maire de Bordeaux en charge de l’urbanisme Bernard-Louis Blanc ne nous avait pas encore répondu ce dimanche, tandis que l’opérateur Apsys ne souhaite pas s’exprimer pour le moment.

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