- À Rennes, le bardage d’un immeuble émet de très désagréables bruits qui pourrissent la vie des habitants dès qu’il y a un peu de vent.
- Construit il y a deux ans dans le nouveau quartier de Baud Chardonnet, l’immeuble est toujours occupé.
- Deux couples ont attaqué le promoteur immobilier Kaufman & Broad pour obtenir réparation.
Ce devait être la tour signal du nouveau quartier de Baud-Chardonnet. Pour ses occupants, c’est avant tout devenu la tour infernale. A Rennes, les habitants de l’immeuble Le Panoramik vivent un véritable enfer depuis sa livraison en 2018. La cause ? Une malfaçon qui transforme le bardage extérieur en torture sonore. « L’expert nous a dit que ça lui faisait penser au bruit d’une disqueuse sur du métal. Et ça peut durer des jours entiers comme ça. J’en devenais fou ».
Cet ancien habitant de la tour revit depuis qu’il a quitté son logement. Avec sa compagne, il avait acheté un appartement sur plan au 16e étage de cet immeuble qu’on leur a tant vanté. Dès son emménagement au cœur de l’hiver 2018, le couple a compris que quelque chose clochait. « On entendait des bruits de sifflement dès qu’il y avait un peu de vent. On pensait que c’était les grues des chantiers autour. On a vite compris que ça venait de notre propre immeuble ».
« Certains experts n’en revenaient pas »
Rapidement, le promoteur est mis au courant et sommé de réagir. « On a vu un nombre impressionnant de personnes défiler chez nous pour constater la gêne. Certains experts n’en revenaient pas », explique un autre ancien occupant du Panoramik. Le fameux « eldorado » que nous évoquions dans un récent article ne les a pas convaincus.
Contacté, le promoteur Kaufman & Broad reconnaît que l’immeuble est sans doute victime de malfaçons « comme cela arrive régulièrement dans le secteur du bâtiment ». Mais rares sont les fois où des malfaçons empêchent tout un immeuble de dormir, non ? « Je vous l’accorde. Mais nous ne pouvons pas intervenir tant que l’expert judiciaire n’a pas rendu ses conclusions. Dès que nous saurons quoi faire, nous nous engageons à effectuer les travaux à nos frais », assure Jacques Rubiot, directeur commercial chez Kaufman & Broad. Le groupe a engagé son propre expert « pour accélérer la procédure », promet-il.
« C’est un stress permanent »
Attaqué en justice par deux propriétaires, le promoteur a été jugé coupable à deux reprises et la vente a été annulée. Le constructeur a pourtant décidé de se pourvoir en cassation. « Nous n’avons rien contre les propriétaires mais il nous faut aller au bout de la procédure. Car nous nous sommes retournés contre l’architecte, contre la société qui a conçu le bardage et contre le maître d’œuvre », explique son directeur. En attendant, les occupants de la tour continuent de vivre l’enfer sonore, croisant chaque jour les doigts pour que le vent ne se lève pas.
« Ça a bousillé nos vies. Aujourd’hui, notre argent nous a été rendu mais il est consigné chez notre avocat. On ne peut rien acheter tant que la cour de cassation n’a pas statué. Ils nous pourrissent la vie », témoigne cet ancien habitant. En colère, il ne peut s’empêcher de penser à tous ceux qui occupent toujours l’immeuble. « C’est un stress permanent. On ne dort plus. Mais comme la plupart sont locataires, quand ils en ont trop marre, ils partent ». Et d’autres arrivent, sans savoir ce qui les attend.